D’où vient le problème?
Le « droit à la réparation » est un enjeu certain auquel font face nos sociétés technologiques modernes où le bien durable semble avoir perdu de son attrait. Les développeurs de technologie feront état d’une augmentation de la complexité et de la miniaturisation pour expliquer le défi grandissant de réparer. Les entreprises à la recherche de nouvelles sources de revenus vont soit profiter d’une durée de vie réduite du produit pour augmenter leurs ventes (remplacement) ou encore développer un monopole pour leur réparation (réduire l’accès aux pièces de rechange, manuels ou formation technique, ajout de mot de passe ou de protections pour activer les modes de diagnostic et de réparations). Du côté du consommateur, malgré une conscientisation sur les impacts environnementaux, on considère de plus en plus les biens comme jetables, particulièrement quand ils sont financés (loués, achetés sous forme d’abonnement ou inclus comme avantage avec un service acheté).
Pour les hôpitaux : un défi qui prend de l’ampleur
Avec la prise de conscience que les biens devraient être conçus pour être réparés dans un contexte d’économie circulaire, on a vu naître en France notion de l’indice de réparabilité et l’introduction de législation aux États-Unis et au Canada (Bill C-244) pour recadrer la notion des droits d’auteur (permettant au propriétaire d’un bien d’en modifier le contenu (e.g. code informatique) ou de le réparer à la suite d’un bris ou une panne.
La réparation, l’entretien et le maintien de la performance et de la sécurité des technologies médicales sont les grandes préoccupations de nos ateliers de génie biomédical en milieu hospitalier. La pratique a grandement évolué avec l’apparition des plaquettes électroniques de montage de surface qui ont rendu pratiquement impossible la réparation au niveau de la composante. La presque totalité des technologies médicales modernes comportent maintenant une composante informatisée protégée par des accès sous mots de passe et de plus en plus on doit se référer au manufacturier d’origine pour les pièces, le support et le service. Le mode d’acquisition et de financement de la technologie influence aussi le niveau d’implication du GBM dans la réparation (équipements fournis avec contrats de fournitures ou réactifs, location, ou achat sous contrat de gestion de la technologie, e.g. MES )
Pour l’établissement de santé, le ratio de la valeur du service (RVS), qui représente le % des coûts d’entretient sur la valeur de remplacement d’un équipement peut varier de 4 % pour une prise en charge à l’interne jusqu’à 12, voire 20 % selon le type de technologie, lorsque l’entretien est confié au manufacturier. Même si l’établissement n’est pas en mesure d’assumer complètement l’entretien de son parc d’équipement, son « droit à la réparation » peut s’exprimer par le choix d’introduire des fournisseurs de service indépendants, des tierces-parties qui pourront être des alternatives viables, si elles ne sont pas limitées elles-mêmes dans leur accès aux pièces, aux manuels et ultimement au support des manufacturiers.
A titre d’exemple, pour un CISSS qui possède un inventaire d’équipement médical d‘une valeur typique de 200M$, l’écart entre la stratégie de maintenance interne et une confiée uniquement au manufacturier pourrait aisément représenter une augmentation de 15M$ annuellement des coûts d’entretien GBM !
Nos GBM d’établissement : des champions !
Que ce soit par l’utilisation de clauses assurant l’accès aux manuels, aux pièces et à la formation technique, ou encore par la négociation d’entente de service long terme, nos GBM d’établissement ont toujours réussi à protéger leur droit à la réparation malgré les tendances observées. Malgré les défis actuels de roulement de personnel et de recrutement qui ont toutefois eu pour effet d’accélérer un retour vers la dépendance envers les manufacturiers d’origine. Pourront-ils maintenir le cap ? Est-ce que les changements législatifs et la pression des consommateurs auront un effet à moyen terme ? Comment maintenir l’expertise acquise à grand coût ? Voilà plusieurs questions qui seront d’actualité pour les prochaines années !
Avez-vous besoin d’aide ?
Cette tendance ne devrait aucunement être perçu comme irréversible. L’équipe de génie biomédical chez CIM Conseil peut aider votre service biomédical en effectuant des audits et en vous accompagnant dans la révision de vos stratégies et de pratiques de maintenance et d’acquisition de technologies pour vous aider à maintenir votre habileté à réparer et entretenir vos technologies médicales et ainsi maximiser les ressources qui sont mises à votre disposition.