Ingénierie biomédicale, une profession en constante évolution

Ingénierie biomédicale, une profession en constante évolution

En marge du congrès 2023 de l’APIBQ ayant comme thème l’évolution de la pratique GBM, notamment dans le contexte des soins à domicile, l’équipe d’ingénierie biomédicale de CIM Conseil vous partage notre réflexion quant aux enjeux auxquels fait face notre profession. 

Membres actifs dans l’association, dans certains cas depuis quelques décennies, les conseillers, directeurs et notre Vice-Président seront présents à nouveau au congrès de l’APIBQ qui se déroule cette année au superbe Hôtel du Domaine à Thetford Mines. En tant que commanditaires de l’évènement, nous animerons un kiosque dans le salon des exposants : venez nous rencontrer pour discuter de vos enjeux, et contribuer à notre sondage sur les activités de transition en projets hospitaliers. 

La profession en constante évolution

Le contexte québécois a un impact important et unique sur la pratique professionnelle en ingénierie biomédicale. Bien que ceci ne soit pas nouveau, on constate que de plus en plus d’acteurs du secteur n’ont pas nécessairement une désignation professionnelle. Il y a donc lieu de se pencher sur deux enjeux : comment intégrer et tirer profit au maximum de la contribution diversifiée de « professionnels » biomédicaux dans l’atteinte des objectifs sociosanitaires? Et d’autre part, qu’en est-il du travail du « professionnel » biomédical à la lumière des nouvelles dispositions sur la loi sur les ingénieurs? 

Compte tenu de la charge de travail accrue occasionnée par les grands projets de construction et de rénovation hospitalière des récentes années et la maturation du processus de maintien des actifs (le PCEM), il n’y a jamais eu autant de « professionnels » actifs dans le secteur biomédical hospitalier. Cependant, force est de constater qu’il y a de nombreux postes vacants, créant des mouvements de personnel, auxquels s’ajoutent les pauses professionnelles possibles grâce aux conditions de travail du secteur hospitalier public. 

Ce confluent de circonstances semble nous apporter une certaine impression de « pénurie » d’acteurs biomédicaux dans le réseau de la santé publique. Le manque de ressources requises, le retard sur les plans de remplacement, les défis dans la chaine d’approvisionnement, la complexité des projets qui demandent des travaux d’aménagement, et une certaine lourdeur administrative sont tous d’importants contributeurs à ce phénomène. Pour la relève professionnelle, elle se compense en partie, heureusement, grâce à de nouveaux arrivants venus de partout dans le monde ayant des formations et des expériences diverses. Comme le travail du « professionnel » biomédical s’apparente de plus en plus à celui de gestionnaire de projet, la question des équivalences de diplômes et le chevauchement à la pratique réservée de l’ingénieur ne semble pas se poser actuellement comme un enjeu majeur, mais qu’en est-il vraiment du vécu des nouveaux arrivants ayant passé au travers de ce processus? 

Et si le « professionnel » biomédical est maintenant principalement un gestionnaire de projet de remplacement de technologies médicales, que reste-t-il de la pratique traditionnelle du GBM en établissement? Tel que de prodiguer conseils et recommandations sur TOUS les aspects de la gestion de la technologie, d’offrir une vision long terme sur les besoins et les impacts technologiques, d’anticiper les tendances et d’assurer une utilisation sécuritaire et optimale de la technologie? 

Le nouveau visage de la technologie

La technologie biomédicale est passée d’une boite isolée spécialisée dans une application, à un maillon, essentiel s’il en est un, dans une chaine de gestion de données patients visant à assister le clinicien dans sa prise de décision ou son intervention auprès d’un patient. L’essentiel du dispositif médical devient de plus en plus d’acquérir des données brutes qui seront analysées et traitées par des logiciels, qui sont maintenant des plateformes complètement indépendantes de l’appareil médical. Ainsi, il n’est donc pas surprenant que les frontières entre les TI et la technologie biomédicale se soient estompées et qu’il y ait de plus en plus de confusion quant aux rôles et responsabilités des professionnels en TI santé et GBM. Pour faciliter ces rapprochements, la mode est à une structure administrative d’établissement de santé où on a combiné ces deux services gestionnaires technologiques sous une même direction. On constate toutefois qu’il reste encore beaucoup à faire quant à coordonner leur action, uniformiser les approches et la façon de faire et clarifier les zones grises de responsabilité. 

Mais la technologie n’est pas qu’informationnelle, elle s’est aussi miniaturisée et sera bientôt remplacée par des dispositifs à usage unique (on pense aux « patch » permettant d’acquérir les signes vitaux d’un patient : pourront-elles un jour rendre caduque l’utilisation d’un moniteur physiologique au chevet du patient? Cette miniaturisation ainsi que certaines approches de design ont complexifié l’entretien et la maintenance des dispositifs médicaux, au point où on a vu s’ajouter le secteur biomédical au courant pour la défense du droit à la maintenance (« right to repair »). 

Combien ça coûte?

Les tendances décrites plus haut ont toutes un impact économique non négligeable. Bien que le réseau hospitalier du Québec soit particulièrement bien supporté par son ministère de la Santé avec le PCEM, alors que la norme canadienne étant que le remplacement de son parc technologique soit à la charge de l’Hôpital. Le PCEM garantit des budgets raisonnables (et un processus d’appel) pour le remplacement de la totalité du parc existant, mais force est de constater que le processus actuel s’épuise. On estime à près de 40% la valeur des sommes approuvées qui n’ont pas été engagées par les établissements, particulièrement depuis le début de la pandémie. On a fait état plus haut de plusieurs facteurs contribuant (manque de main-d’œuvre, complexité des projets, lourdeur administratives). À ces constats s’ajoutent les coûts d’opportunité de monopoliser le « professionnel » GBM sur des projets de remplacement d’équipement en faisant de lui un hybride entre l’agent d’approvisionnement spécialisé et le gestionnaire de projet. 

En absence de programmes gouvernementaux pour les assister, les établissements canadiens, hors Québec, doivent faire appel de plus en plus à des méthodes alternatives de financement des équipements (location, paiement à l’activité ou encore « Managed Equipment Service » – une approche de gestion clé en main financée sur le long terme. On passe ainsi la charge des immobilisations au budget d’exploitation. Où en sommes-nous, 5 ans après les premiers essais canadiens de ces modèles de financements importés d’Europe? 

Le PCEM est un programme solide, flexible, mais est-il suffisant? Une série de deux articles récents faisaient état de choix adopté par un important CIUSSS de prolonger la vie utile de son matériel médical au-delà de la norme établie par le MSSS, citant une analyse de risque interne. Cette approche est toutefois contestée par des membres du corps médical, notamment en ce qui concerne les technologies de pointe. 

Dans le contexte de la loi sur les contrats des organismes publics, le remplacement et la mise en service d’équipements médicaux engagent un processus administratif lourd et lent qui engendre des coûts de système très peu mesurés ni comparés. Dans un contexte de pénurie professionnelle, les coûts de gestion de projet peuvent être imputés au PCEM, mais l’offre de tels services est toutefois limitée. 

CIM Conseil, pour une vision technologique 20/20

En tant que plus grande pratique professionnelle biomédicale privée au Canada, l’équipe GBM de CIM Conseil peut aider à court et à long terme les établissements qui ont accumulé un retard dans leur PCEM, mais aussi qui se sentent prendre du retard sur leurs fonctions biomédicales traditionnelles. En effet, en plus de l’expertise technique GBM, notre équipe comporte des experts en gestion et organisation du travail pouvant vous assister sur le plan stratégique. 

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